L’Ombre des étoiles

Dans le cabinet médical d’un hôpital, un homme apprend par son médecin qu’il va mourir.
Voyage imaginaire ou réalité, l’homme, au pays de l’au-delà, parcours le jardin d’Éden et compose avec les nouvelles lois qui le régissent.
Voyage vertical possible dans le jardin d’humanité, où il s’inquiète de l’existence de Dieu.
Nomade de plusieurs réalités, il voyage en étoile, en lumière.
Qu’est-ce que l’Enfer ?
Au moment où le noir et le blanc se confondent, ce sont les témoignages qui affluent.
Absorbée, la lumière devient le noir.

—Vous allez mourir.
— Je le sais depuis que je suis né.
— Bien, si vous avez décidé de le prendre comme ça…
— Je n’ai surtout pas décidé de l’apprendre comme cela.
— Vous auriez aimé l’apprendre de quelle façon ?
— Je ne sais pas moi, un matin sur le bord d’une route d’un pays de la Loire, entre chien et loup, une petite brume, une voiture à l’arrêt, moi au volant.
Un camion se serait arrêté, le routier aurait découvert un homme inanimé au volant de la voiture.
Les pompiers prévenus, auraient forcé la porte, au contact de l’air, de leur voix, là, en haut, j’aurai su que j’étais mort.
— Voilà, vous êtes mort (dit la mort).
— Comment ça je suis mort, non mais vous plaisantez, je vous préviens, un médecin m’a déjà joué cette scène-là, alors…
— Regardez en bas.
Il se penche vers le bas et pousse un cri saisi par le vertige : Ah, ah oui c’est moi.
L’enveloppe charnelle d’un homme au volant d’une voiture, et le rapport du médecin légiste sur lequel il est écrit : la mort est survenue entre 3 heures et 5 heures du matin, arrêt cardiaque.
— Oui, je suis mort, mais là, je vous parle n’est-ce pas ? et maintenant que vais-je faire ?
— Il y a une activité pour tout le monde ici. Alors, vous allez trouver la vôtre.
— Puis-je retourner en bas ?
— Vous êtes libre. Pour y rester c’est plus complexe, mais pourquoi ne pas d’abord découvrir ici…
— Oui, oui répond-il évasif.
Il regarde vers le bas : eh oh, vous me voyez ? crie-t-il en agitant les bras.
— Non, il ne vous voit pas, vous êtes mort, essayez de vous en souvenir…
— Vous êtes désagréable, il n’y a personne d’autre ici ?
— Je vous laisse, d’autres personnes à accueillir… (il disparaît)

Lui penaud, seul, s’assied en tailleur et pleure sa propre mort.
Une voix : pourquoi pleures-tu ?
— Je suis mort
— Oui moi aussi. Viens glissons…
L’autre se lève, ensemble ils avancent vers un cercle de lumière, ils entrent dans le cercle, et un point de lumière bleue reste derrière eux. De l’autre côté, la voix poursuit ses explications.
— Il y a des passages obligatoires. Ici, par exemple, c’est le jardin d’Éden, vous en avez entendu parler, n’est-ce pas ?
— Oui.
— Ce jardin est une projection non plus de votre désir, une image désuète, mais une création de votre mémoire.
Un espace que vous auriez aimé lorsque vous étiez en bas. Regardez, le paysage se crée.