II. L’Ombre des étoiles

 

Dans le jardin d’humanité, dès son entrée.
— Oh, je suis né.
— non, je suis mort.
— Oui peut-être mais moi je suis né. Le médecin vient d’annoncer à ma mère que j’étais né.
— Mais comment le sais-tu ?
— Je ne sais pas. Une bouffée d’air, un cri et tout est différent ici.
— Je comprends.
— Eh bien, tu vas pouvoir m’expliquer alors.
— Oh, oh je sens…
Il sort du jardin d’humanité, rencontre son guide du jardin de mémoire :
— Il se passe deux événements en même temps.
— Oui.
— Et ?
— Je ne sais pas, il n’y a rien à comprendre, rien à savoir…
— Rien.
— Alors ici deux choses le jardin de mémoire ou des Remords et Regrets et le jardin d’humanité, miroir de soi.
— Plus complexe tout de même que ce raccourci, résumé ou je ne sais quoi.
— Oui certainement.
À cet instant, un rayon vert apparaît et emmène avec lui le guide du moment, celui-ci dit :
— Je pars sur terre, j’ai choisi…
— De là où je suis je te vois partir, happé par une sorte d’aimant lumineux vert, d’ailleurs dans tout ce vert, je ne te vois plus.

Comme lien, celui qui est seul, sans guide, a son passé et un avenir en construction, au sens propre, ceux qu’il rencontre dans le jardin d’humanité, et le sien à travers les possibles reconstitués d’une réalité mouvante, loquace, par ordre d’apparition sur la scène des Remords et Regrets, du jardin de mémoire.

Il se rend au jardin d’humanité.
Une voix : dites là-haut, est-ce que Dieu existe ?
Lui qui est en haut, un amas de filaments lumineux, pose encore plus haut la question, oui, est-ce que Dieu existe pour moi qui suis mort ?

Le silence raisonne en bas, et en haut.

Il sort du jardin d’humanité, il sait que son guide ne l’attend pas. Il croise plusieurs lumières toutes plus froides les unes, les autres.
Mais au fait, lui quelle lumière est-il ?
Comment se jouent les rencontres de lumière ? Comment vivront ces lumières si le soleil disparaît ?
Il se trouve une fraction de seconde, le temps que la lumière met à se déplacer, dans la situation de celui qui est encore mortel sur la planète terre, tributaire de l’existence du système solaire.

Une lumière chaude apparaît à son côté, rond comme il l’est, cela ressemble plus à une superposition de lumière qui se réchauffe mutuellement l’une l’autre.
Un nouvel état le transporte dans les rayons d’une autre planète qui ne l’absorbe pas. L’absorption du guide lui ayant donné un aperçu désagréable de l’abandon. Ces deux lumières dansent dans le ciel, le temps qu’il faut pour que deux lumières puissent compléter le prisme.
À nouveau seul, il cherche le prisme. Il le croit miroir, il pourrait ainsi se voir.
Il monte, monte vers l’état le plus élevé de lumière. Il distingue enfin le fil qui le relie au grand tout, en cet état où la conscience créatrice devient divine.
Puis selon une certaine ligne verticale, il descend sur terre.

Des lunes se sont succédé.
Au milieu d’humains, il ne trouve plus la trace de ses ancêtres, de ceux qui étaient ses ancêtres. Il fait le chemin de retour vers le jardin d’humanité, le prisme semble respirer et vivre.

Il s’éloigne du prisme. Une nouvelle lumière apparaît, dansante et fluide, fusionnant avec ses couleurs.
Vénus laisse glisser un rayon bleu vert, lui, aimanté, entre dans le rayon, l’autre seul, tournoie dans les ondes magnétiques, et sort du champ.
Enfin, saisi malgré lui par la spirale vénusienne, il quitte le spectre.

Sur Vénus, il se sent aimable, avenant, croisant diverses natures de lumière, il resplendit.
Guide des bergers, il se rend visible des humains. Il voit les nomades faire paître les troupeaux, les hommes simples regardent sa planète, elle les conduit, où qu’ils soient, vers là où ils souhaitent.

Des lunes sont passées. Il saisit le prochain rayon vénusien, glisse obliquement, se secoue des particules électromagnétiques et reste un temps suspendu au-dessus du prisme. Son lien s’est créé, instantanément, au contact de la lumière spectrale.