Argile
Par Aladdin Degretz le vendredi 16 juillet 2010, 11 h 00 - Est-ce qu’il pleut ? - Lien permanent
Les peaux teintées rouge sèchent au soleil sur les murs d’enceinte du cimetière de Bab Ftouh à Fès el Bali.
Là-bas, par-delà l’Oued Fès, elles sont de petites taches rouges qui attirent le regard.
Des hommes, des enfants travaillent dans cette enceinte extérieure à la ville.
La gueule du monstre crache une fumée épaisse, comme leurs homologues hellènes de l’époque antique, les potiers fassis sont au centre de la vie. Les briques des maisons, les bols, les plats… Le quotidien des hommes se façonne dans l’un des ateliers de potiers de Fès.
Aux portes de la ville, le cimetière est une terre pour les morts investie par les vivants, un espace social où les hommes, les enfants, les vivants et les morts, naturellement, se côtoient : l’argile vient de carrières, livrée par camion, elle est déversée dans la fosse située en bordure de cimetière. Parcourant l’ensemble du terrain occupé par l’atelier, le porteur d’eau et sa bête de somme acheminent l’eau puisée dans l’Oued vers la fosse.
Les ouvriers mélangent l’argile et l’eau. La glaise est pétrie : les hommes, pieds nus, marchent méthodiquement sur la terre.
Les ouvriers se répartissent les tâches dans un espace limité par les sépultures et organisé autour du four : la gueule du monstre.
Du versant nord-est, aux tombeaux des Mérinides, les épaisses fumées marquent les ateliers de potiers.
L’étranger (visiteurs, touristes) est le bienvenu. Les sourires des enfants, du vieil homme, du patron, de ceux que l’activité réunis sont les témoins d’un temps où il fait bon vivre. Le travail est dur, l’argile appelée la terre suggère la plasticité, elle est aussi lourde, physique, laborieuse à travailler, à façonner.
Prochainement la suite du texte.