J’ai lu dans le journal

L’ange a des idées

J’ai lu dans le journal que mon ange gardien n’en pouvait plus tant je luttais contre lui.

Fatigué, il a demandé qu’on lui accorde le droit de démissionner.

Peu avant, conscient de son engagement, il a demandé ma rémission.

Personne ne lui jamais répondu, alors contraint par l’absence de réponse il lui faut continuer à me guider. Mais il n’en reste pas là. Il me fait comprendre son importance, sa tâche auprès de moi, il sait que moi, principal intéressé, sujet de ses tourments, je me soumettrais à son engagement.

Mon ange aujourd’hui encore est épuisé. Il m’a dit des choses douces que je n’ai pas écoutées. Puis, sur le chemin nous avons discuté. Un entretien féroce. Il sait néanmoins faire vibrer en moi cet espace qui n’appartient à personne, ce creux de lumière, la « reverb » imaginaire. Je ne lui laisse aucun répit. Sans cesse, je le pique, corrida sans centaure, où l’animal qui s’endort refuse mon combat pour venir main dans la main s’enquérir de mon chagrin.
L’ange ne se moque jamais. Il écoute les voix qui résonnent, il regarde sans ciller les « je » conscients des enjeux. Ami reconnaissant, c’est aux autres qu’il parle, la nuit, loin des tourments. Il apporte avec lui des présents, roi mage de l’inconscient.

Voyageur, il chasse pour me nourrir, l’image de l’énergie, le flux et le reflux, ressac incessant du cycle de la vie.

L’autre jour, il voulait que nous sauvions le monde. Un débat philosophique, guerrier ? lui ai-je proposé. Non, il ne pensait pas tant faire. Une modeste pensée, alors, je l’ai regardé, incrédule. De quoi pouvait-il en retourner ? Il ne s’est plus exprimé, et nous nous en sommes allés. L’ange a des idées.